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A MON FILS...Le Nouvelliste du 30 Decembre 1980 au 4 Janvier 1981
A MON FILS...
Ce matin, le soleil est apparu a nouveau. J'ai bien dormi.
Et j'ai comme envie de vivre.
J'ai envie de vivre pour quelque chose. Je suis fou de lumière.
Hier encore, je rêvais de mon pays. Je rêvais de grandeur.
Sans illusion. Avec liberté. Avec amour. Avec fierté.
Avec cette fierté d'être un homme, un vrai capable de construire
des mondes, des idées, des hommes et même des rêves.
Ce matin, mon fils, j'ai besoin de quelqu'un à qui parler.
Je sais, tu n'as pas l'âge de comprendre.
Mais je sais aussi qu'il y a des choses qu'on comprend déjà a ton
âge.
Ce matin, mon fils, je pense à tout le monde.
Je vais mourir peut-être...
Car je sens que la condition humaine s'effrite.
J'aurais voulu que tout le monde soit heureux.
J'aurais donné toute ma vie pour que, même une seconde
la haine, la jalousie, la rancune et la méchanceté n'existe
plus dans l'esprit des hommes.
Et que ce monde, même une seconde, vive enfin de vérité.
Et que chacun trouve enfin dans les yeux de son frère le
chemin qui mène a plus de grandeur, a plus d'amour.
Mon fils, les jours passent. Demain, une autre année.
Mais toujours seul la vérité passera le temps.
Et cette vérité, tu la trouveras chaque matin, devant un miroir
Quand seul avec toi-même, tu décideras de ton visage.
J'aurais aimé que ce matin soit une grande fête.
Ou tous nous soyons là, à nous reconnaitre a nous serrer la
main, a nous embrasser, sans traitrise, sans nous étrangler a
écrire enssemble, un hymne à la joie, au courage, au bonheur.
Ou, tous, nous nous mettrons a l'école du temps
Car au fond, tout n'est qu'une grande illusion
Même toi , même moi, mon fils.
Simplement ...
J'aurais aimé que la vie soit toujours une grande fête
J'aurais aimé être un poète pour chanter tout ça...
Mais je ne sais que réver. Je suis un imbécile...
Carlo A. Desinor
30 Décembre 1980
